Neck Diagrams : un outil puissant

Cette semaine, j’ai fait une petite découverte non fortuite – au travers de publicités sponsorisées (bien) ciblées* que j’ai consulté dans un moment de faiblesse oisive. Voici le logiciel Neck Diagrams.

Neck Diagrams

Neck Diagrams

Je suis un fervent adepte du logiciel Guitar Pro. Cependant, s’il est excellent pour créer des tablatures, il m’a toujours manqué une fonction pour pouvoir facilement éditer des grilles sur une manche ou une grille d’accord isolée pour les intégrer à mes supports de cours. Par le passé, j’avais un logiciel qui prenait en charge ce besoin, mais il est devenu daté, avant de passer en abandonware. Cette page a d’ailleurs longtemps été très visitées, la preuve qu’il existe un vrai besoin pour ce type de logiciels.

Souvent, j’en suis réduit à dessiner à la main ou à piquer un truc sur le net, ce qui n’est ni très courtois, ni très professionnel, je me dois de le reconnaître.  C’est là que Neck Diagrams tombe à point nommé.

*si je ne peux échapper à la pub, alors je préfère qu’elle soit ciblée.

Qu’est-ce que Neck Diagrams ?

Neck Diagrams est un logiciel de création de diagrammes pour guitare, basse, ukulélé et autres instruments à cordes. Il permet de représenter visuellement des positions d’accords, de gammes ou d’arpèges, avec un rendu personnalisable et propre.

Mais plus que cela, c’est un véritable éditeur de pages qui permet de créer des supports pédagogiques de qualité. De quoi publier un jour ma propre méthode d’apprentissage du fingerpicking ?

Neck Diagrams

Neck Diagrams

L’interface est assez intuitive : on clique pour placer les notes, on choisit les couleurs et les symboles, on exporte le tout en image haute définition. C’est particulièrement utile pour l’enseignement ou la publication de supports didactiques. 

Neck Diagrams

Neck Diagrams

Comparer Neck Diagrams à Guitar Pro ?

Avant tout, il est essentiel de rappeler que Neck Diagrams et Guitar Pro ne répondent pas aux mêmes besoins. Guitar Pro est un logiciel de composition et d’édition de tablatures avec lecture audio, gestion des instruments, du rythme, et du mixage. Neck Diagrams se concentre sur la représentation graphique du manche, sans édition musicale.

Fonction Guitar Pro Neck Diagrams
Usage principal Tablature, partition, playback complet Diagrammes d’accords/gammes
Export graphique Limite (PDF) PNG, PDF, SVG, etc.
Notation standard Oui (portée + tab + rythme) Non
Générateur de gammes Oui, mais sans visuel exportable Oui, avec diagrammes clairs
Prix ≈ 60 € (Guitar Pro 8) ≈30 € à 120 € selon version

En clair : Guitar Pro est idéal pour créer et lire des morceaux complets. Neck Diagrams est parfait pour illustrer un concept visuel, une position d’accord ou une forme de gamme.

Pour ma part, je compte utiliser les deux en complémentarité : Guitar Pro pour mes compositions, Neck Diagrams pour mes supports pédagogiques.

Neck Diagrams

Neck Diagrams

Points forts et limites

L’un des atouts principaux de Neck Diagrams est sa flexibilité : on peut adapter la disposition des frettes, changer l’accordage, colorer les intervalles, ajouter des annotations, etc. Le logiciel propose aussi un générateur de gammes (dans les versions supérieures), et la possibilité d’écouter le diagramme. L’export est très complet (PNG, SVG, PDF, etc.), ce qui est idéal pour une utilisation professionnelle.

Du côté des inconvénients : il faut un petit temps d’adaptation pour explorer toutes les fonctions. Le logiciel ne permet pas de créer de tablatures ou partitions rythmiques, et il faut également passer à une version payante pour accéder aux outils avancés. L’interface mériterait aussi un léger rafraîchissement visuel.

Je ne serais qu’à moitié étonné que la campagne de promotion intensive actuelle soit suivie d’un upgrade vers une nouvelle version majeure. Jusque-là, les updates vers les sous-version de la V2 étaient gratuits. Mais comme j’ai déjà pu constater par ailleurs avec d’autres logiciels, les achats financent l’upgrade majeur suivant qui est souvent proposé avec une ristourne pour les derniers arrivés. On se dirigerait alors vers une mise à jour majeure de l’interface. Esthétiquement, cette mise à jour semble bienvenue.

Conclusion

Alors, si tu veux écrire, écouter et imprimer des morceaux complets avec partitions, rythmes, multi-instruments ?
→ Guitar Pro est clairement fait pour toi.

Toutefois, si tu veux créer des visuels clairs de gammes, accords, arpèges, pour enseigner ou illustrer des concepts ?
→ Neck Diagrams est l’outil le plus adapté.

Neck Diagrams est un outil spécialisé, très efficace dans son domaine. Il s’adresse surtout aux guitaristes pédagogues, mais également aux formateurs et créateurs de contenus qui veulent aller au-delà des simples grilles d’accords. L’investissement est raisonnable si vous produisez régulièrement des supports.

Encore une fois, je ne suis pas affilié ni sponsorisé. J’ai failli m’affilier pour gagner quelques euros si par hasard l’un de vous se décidait à l’acheter via un lien posté ici, MAIS entre quelques euros et ma liberté, j’ai choisi la liberté.

Comme il existe une version d’essai gratuite, je n’ai aucun scrupule à vous recommander d’y jeter un œil.

Culture rentable : une tension féconde ?

Je n’aime pas particulièrement parler de politique ici. Ce n’est pas là que je me sens le plus légitime, ni le plus à l’aise. Pourtant, quand la politique s’invite dans le champ culturel — ou plutôt, quand elle s’y attaque — il devient difficile de garder le silence. Car défendre la culture, aujourd’hui, c’est aussi prendre position politiquement. Il y a toujours le risque d’en dire trop ou d’être mal compris.

Moi et Godzill'Art

Moi et Godzill’Art

Une culture rentable et tiède ?

Dans le paysage culturel contemporain, une tension majeure oppose deux logiques : celle de la rentabilité et celle de l’exploration. D’un côté, la culture rentable répond à des logiques de marché. Il faut produire des œuvres qui plaisent au plus grand nombre, qui rassurent, divertissent, et surtout, rapportent. Séries calibrées, chansons formatées pour les plateformes de streaming, blockbusters aux suites infinies.

Ce modèle orienté vers le divertissement n’est pas dénué d’intérêt. Il fait vivre de nombreux professionnels, et rend la culture accessible à un large public. Mais, je le constate avec les films de super-héros et les séries, ou en écoutant la radio, on finit par s’y ennuyer sévèrement. Ni trop salée, ni trop poivrée, la soupe tiédit.

It's all about the money ...

It’s all about the money …

Oser !?

Mais à côté de cette industrie dominante, existent des formes de culture plus discrètes, moins visibles : des secteurs de niche, souvent moins valorisés, mais tout aussi essentiels. Jazz, artisanat musical (dans lequel je m’inclus), musique expérimentale, poésie, théâtre d’avant-garde, littérature indépendante, arts numériques, documentaires engagés… Ces univers ne visent pas la rentabilité immédiate, mais la profondeur, la singularité et la recherche de sens. Ils sont souvent un lieu de liberté, d’une résistance face aux formats dominants. Des plus petits publics, des lieux à taille humaine, des productions plus modestes, souvent tout aussi enthousiasmantes. Ce sont les choix des publics qui choisissent parfois au lieu de consommer.

Mais la réussite des artistes n’est pas non plus la reddition à la loi du marché. Tout ce qui est mainstream n’est pas mauvais ou méprisable par essence. Le succès est tout de même un but. Même si certains artistes considèrent que déplaire est également une émotion à explorer. Reste à définir quelle est la définition du succès ? Tout n’est pas fait pour remplir un stade ou un zénith. J’ai souri quand les concerts d’Helena Bailly ont été qualifiés « d’intime », devant 3000 personnes. 

Les formes culturelles minoritaires sont aussi le terreau de nombreuses innovations. Elles expérimentent, bousculent, influencent même parfois, à retardement, la culture mainstream. Elles sont indispensables pour renouveler l’imaginaire collectif et offrir une pluralité de regards. Ce sont aussi souvent des concerts proches géographiquement et accessibles financièrement. Des événements qui vont faire vivre un niveau local. Une sorte de circuit court de la culture.

Ce sont les pépinières des talents de demain . Sous leur aspect nébuleux, ce sont les berceaux de futures étoiles. La Belgique est un marché dense, où il est compliqué d’exister artistiquement. Un album ou une tournée sur le marché belge n’est plus que marginalement rentable déjà depuis des années.

Le danger, c’est quand la logique de rentabilité invisibilise. Quand ce qui ne « marche pas » devient ce qui ne mérite pas d’exister. Il est crucial de soutenir des zones de création, par des politiques publiques bienveillantes plutôt qu’hostiles.

Allez, promis, la prochaine fois, on parlera guitare.

Continuer guitar.vanlochem.be ?

Ces dernières années, beaucoup de lieux de concerts ont fermé leurs portes. Les scènes intimistes, à mon échelle, où l’on pouvait encore savourer une guitare acoustique en fingerpicking deviennent rares. Même Akustik Gitarre, l’un des derniers magazines spécialisés qui nous faisait rêver et découvrir, cesse sa publication. Toutes proportions gardées, face à tout cela, je me demande : à quoi bon continuer un site comme guitar.vanlochem.be, surtout sans rentrées financières artistiques ?

Le site me coûte tout de même à plus de 200 € d’hébergement par année. Sans compter les logiciels de traitement d’image ou de vidéo. En partie, parce que j’ai fait le choix d’utiliser des plugins WordPress payants et un thème customisé, pour un résultat qualitatif. J’ai décidé de ne pas pirater, ou voler du contenu créé par d’autres, un choix courageux, mais « stupide ». À l’avenir se posera sans doute aussi la question du recours à l’IA générative.

J’ai également toujours désiré que mon activité musicale soit indépendante du budget du ménage. Longtemps, ce fut le cas. Au fil des ans, j’ai dû augmenter mon hébergement pour garder un site performant malgré le nombre d’articles et de photos accumulés. Repartir d’une page blanche ? Repenser plus minimaliste ? Trouver une plateforme gratuite ? Faire appel aux dons ?

Peut-être un jour, mais ce site est aussi une mémoire. À l’heure où tout semble disparaître dans le flux constant des réseaux, garder une trace devient un acte de résistance. Chaque article publié sur le site contribue à préserver un petit pan du patrimoine acoustique. On écrit un peu pour soi, mais également pour ceux qui chercheront une astuce oubliée ou une manière de faire sonner une corde différemment.

David van Lochem au studio

David van Lochem au studio

Motivé ?

La motivation, je la trouve dans les échanges, dans les rares messages que vous m’envoyez, dans les visites régulières au fil des mois. Et, j’aime écrire autant que raconter, ce petit péché d’orgueil. Ce site, je l’ai toujours financé avec mes revenus musicaux, par choix, par conviction. J’espère maintenir un espace vivant, humain, qui résiste aux algorithmes des réseaux sociaux. Publier efficacement sur des réseaux comme Facebook ou X me coûterait sans doute encore plus cher. 

Guitar.vanlochem.be, c’est un lieu pour les passionnés de jeu acoustique, pour ceux qui cherchent une inspiration, un avis très personnel ou un conseil honnête. C’est aussi un carnet de route : mes découvertes, mes expérimentations, mon matos, mes coups de cœur… partagés avec vous, simplement.

Alors oui, il n’y a plus de cachets de concerts pour l’instant. Non, je ne vis pas de la musique, mais j’ai toujours essayé de financer mon art par mon art. Tant qu’il reste des doigts pour jouer, des oreilles pour écouter, et des cœurs pour vibrer, ce site gardera son sens. La passion ne dépend pas du marché, pourtant le marché impose sa loi malgré tout.

Merci d’être là, de lire, d’écouter, de partager. Néanmoins, au moment de payer mon hébergement, la question revient, lancinante, « Stop ou Encore ? ».

Si vous avez envie de participer au financement du site, voici le lien vers une petite cagnotte Tribee : https://tribee.fr/participations/guitarvanlochembe.
(5% sont reversés à une association active dans l’environnement)

Évidemment, je peux tout à fait me contenter de quelques encouragements, pour savoir que ce que je fais a de la valeur à vos yeux.

Akustik Gitarre disparaît, la fin d’une époque

Voilà, c’est fini… (air connu). Après 30 ans, le magazine allemand de référence pour le petit monde de la guitare acoustique disparaît. Avec la montée en puissance du numérique, les magazines papier consacrés à des passions de niche, comme Akustik Gitarre, disparaissent progressivement du paysage médiatique. Cette publication allemande, dédiée à la guitare acoustique et au fingerpicking, était une véritable référence pour les passionnés. Elle proposait des interviews, des tests de matériel, des partitions, et des conseils techniques d’une grande qualité. Sa disparition marque la fin d’une époque.

Akustik Gitarre disparaît

Akustik Gitarre disparaît

J’ai un lien affectif particulier avec ce magazine. Il m’a accompagné pendant des années. J’y ai été cité comme participant à une compilation, j’ai eu le plaisir de rédiger une biographie de 25 ans de carrière de Jacques Stotzem pour le label lié au magazine et j’y ai vu plusieurs de mes photos publiées au fil du temps. Mais surtout, c’était une source d’information et d’inspiration constante pour moi. J’y découvrais du matériel, des gadgets et des sorties d’albums dans un secteur de niche qui est parfois noyé dans la masse d’information musicale et culturelle. Je ne compte plus les artistes que j’ai découverts grâce à ce magazine.

J’y lisais les espoirs, les parcours, les joies et les doutes de musiciens auxquels je pouvais parfois m’identifier en tout petit, de loin. J’avoue en toute immodestie avoir parfois rêvé d’y écrire quelques lignes ou de pouvoir y lire une critique de quelques lignes de cet album que je ne ferai sans doute jamais. Alors que je cherche une petite étincelle perdue, ailleurs de grands feux s’éteignent. 

Un mal généralisé ?

Ce phénomène touche de nombreux domaines spécialisés : qu’il s’agisse d’aéromodélisme, d’astronomie amateur ou de lutherie, les publications papier se raréfient. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance. D’abord, la baisse des ventes de magazines, concurrencés par la profusion de contenus en ligne souvent gratuits. Ensuite, les coûts de production et de distribution du papier deviennent difficilement soutenables pour des tirages modestes. Enfin, les nouvelles générations ont des habitudes de lecture très différentes, privilégiant les tutoriels YouTube, les podcasts ou les forums spécialisés.

Ce sont souvent des publications à destination de passionnés portés à bout de bras par quelques passionnés qui doucement atteignent l’âge de se retirer sans trouver de successeurs pour reprendre le flambeau.

Dématérialisation sans passion

Mais cette évolution soulève une vraie question : peut-on remplacer la richesse, la fiabilité et la profondeur d’un magazine de niche par des contenus épars et souvent moins rigoureux disponibles en ligne ? Si le web regorge de ressources, il manque parfois la cohérence éditoriale et l’expertise qu’apportaient des magazines comme Akustik Gitarre. Le risque, c’est une perte de transmission du savoir, particulièrement dans des disciplines où l’expérience et le détail comptent énormément.

Tout n’est pas perdu : certaines publications se réinventent en ligne, en proposant des formats hybrides (PDF, vidéos, abonnements numériques). Mais la disparition de ces revues papier laisse un vide, à la fois culturel et émotionnel, pour celles et ceux qui les attendaient chaque mois comme un rendez-vous précieux avec leur passion.

Merci à tous les rédacteurs pour toutes ces années de bon boulot. Je ressens déjà un grand vide. I’ll miss you.