Making-of du trailer de Bright or blue – Jacques Stotzem

Être le « vidéaste-réalisateur » du trailer pour « Bright or blue » le nouvel album de Jacques Stotzem présente quelques petits avantages, dont celui de faire partie du petit groupe restreint qui découvre les morceaux et l’album avec une toute petite longueur d’avance. Petite vanité, qui ne frime évidemment pas très longtemps quand on pense que la plupart des morceaux ont déjà été dévoilés lors des concerts de ces derniers mois. Le CD est d’ailleurs déjà disponible à la vente lors des concerts et directement auprès de Jacques et devrait être disponible sur le site de son label bientôt.

Le trailer de « Bright or blue »

Le briefing : authentique, nature, verdure, arbre, lumière

Le briefing pour le clip était de coller à l’ambiance de la pochette qui évoquait le naturel et l’authenticité. Richard Frère, guitariste et ami de Jacques nous a prêté sa terrasse et son beau jardin qui rappellent sans équivoque l’ambiance « nature » de la pochette de l’album.

CD Bright or blue - Jacques Stotzem (Manfred Pollert)

CD Bright or blue – Jacques Stotzem (Manfred Pollert)

Jacques, grand compositeur de ballades (en musique), est aussi un grand amateur de balades (en forêt). Il aime se ressourcer en marchant dans les beaux paysages un peu sauvages.

Comment évoquer ce lien, cette énergie que lui donne la nature ? Toute proportion gardée, le premier plan m’a été inspiré de loin par un plan fondateur du film Gladiateur. Vous savez, ce plan dans lequel Maximus marche dans un champ de blé doré, sa main effleurant les épis au ralenti. Nous avons filmé d’autres plans, des idées plus ou moins élaborés, mais c’était l’idée la plus efficace. Il y a toujours du déchet au montage quand on filme. 

Action, ça tourne !

Making of du trailer Bright or blue - Jacques Stotzem

Making of du trailer Bright or blue – Jacques Stotzem

Nous avons joui d’une parfaite journée ensoleillée pour le tournage. L’équilibre entre ensoleillement et ombre a parfois été délicat à maitriser en fonction de la position du soleil. Surtout si on cherche un flou d’arrière-plan, en filmant avec une grande ouverture. Le flou généré en post-prod ne me satisfait pas sur des compositions aussi complexes. Heureusement, la caméra intègre un filtre ND qui permet de jongler entre lumière entrante et sensibilité sans sacrifier l’ouverture. Chaque morceau devait également être filmé dans un laps de temps assez court pour que la lumière et les ombres ne changent pas radicalement entre les différents plans. Sur un tournage pro, on sort les réflecteurs, les bâches et un camion électrogène rien que pour alimenter des puissants éclairages, mais ici, c’est cousu main.

Par moments, il a fallu composer avec un mélange de lumière naturelle et artificielle. Pour un rendu naturel, c’est un comble. Mais, dans « Bright or blue », il y a bright !  Ensuite, il reste à sortir la palette de coloriste pour se rapprocher des nuances de la photo de la pochette du CD. La vidéo a aussi sa part d’illusion. Mais, faites comme si je ne vous avais rien dit.

Dans cet esprit d’authenticité, tout est capturé et filmé en live, ligne et micro pour un son réaliste et naturel (y compris le vent et les oiseaux qu’on peut parfois deviner derrière les notes).

Making of du trailer Bright or blue - Jacques Stotzem

Making of du trailer Bright or blue – Jacques Stotzem

Et tout finit (en chanson)… devant un verre !

Évidemment, une fois le « devoir » accompli, c’est aussi l’occasion de débriefer le tournage autour d’un verre. Un sympathique moment pour clore la bonne journée de travail avant d’entamer le montage, la synchro et la mise en musique de la vidéo.

Making of du trailer Bright or blue - Jacques Stotzem

Richard Frère – David van Lochem – Jacques Stotzem / Making of du trailer Bright or blue – Jacques Stotzem

On se donne rendez-vous « ici » sur le site , pour partager mes impressions sur cet album « Bright or blue » qui tourne pendant que je vous écris.

Créativité et concentration pour la rentrée

Rebooster la créativité à la rentrée : comment la concentration peut tout changer ?

Après la légèreté des vacances d’été, la rentrée sonne souvent comme un retour à la réalité… mais c’est aussi une formidable opportunité pour repartir sur de bonnes bases. Nouveaux projets, envie de mieux s’organiser, de retrouver un rythme créatif plus régulier : les résolutions fusent — mais parfois, elles s’épuisent aussi vite qu’elles sont venues.

David van Lochem au studio

David van Lochem au studio

Si, cette année, la clé, ce n’était pas la discipline stricte ni les to-do listes interminables… mais la concentration ? Pas celle qu’on associe aux longues heures d’effort intense, plutôt une concentration douce, centrée, connectée à l’élan créatif.

Les obstacles invisibles qui freinent notre élan créatif

Avant de foncer tête baissée dans les projets, il est utile d’identifier ce qui nous coupe de notre inspiration.

La procrastination

On veut bien faire… mais on reporte. Et, plus on reporte, plus la culpabilité s’installe. Résultat : la créativité s’étouffe sous le stress. Tout d’abord, ça ne sert à rien de culpabiliser. De temps en temps, il vaut mieux laisser couler et choisir un meilleur moment.

La procrastination active peut être un moyen de contourner l’obstacle. Tu ranges ton studio, tu changes tes cordes, tu accordes ta guitare nickel, tu passes une heure à organiser tes tablatures ou ta setlist, tu peux aussi écrire un article pour ton site.

Bref : tu fais beaucoup de choses utiles, mais tu évites la tâche inconfortable ou exigeante.  Contrairement à la procrastination passive (scroller sans but, traîner, s’éparpiller), la procrastination active maintient l’élan, la motivation, l’organisation, et parfois même la clarté mentale. C’est un mécanisme de régulation :

  • Tu fais baisser la pression interne.
  • Tu restes dans ton environnement créatif.
  • Tu avances… autrement.

L’ennui

Quand ce qu’on fait perd du sens ou devient trop mécanique, la motivation s’éteint. Or, la concentration naît souvent du plaisir d’être engagé dans une activité.

Le plus simple est de te fixer de nouveaux objectifs : un nouveau morceau ou maîtriser un passage difficile, par exemple. Change de cadre ou offre-toi une nouvelle collaboration pour faire redémarrer le feu.

Le stress

Trop d’attentes, de comparaison, de peur de ne pas être « assez »… L’esprit sature et ne laisse plus de place à l’exploration libre. Choisis des objectifs « SMART » :  S-imple, M-usical, A-ccessible, R-éaliste, pas trop T-echnique. Fais la paix avec toi-même, musicalement.

Les distractions, la pollution mentale qui vient de notre hyper connexion

Notifications, messages, réseaux : notre attention est fragmentée. Chaque fois qu’on l’interrompt, il faut jusqu’à 20 minutes pour retrouver un vrai focus.

Bannis ton smartphone du local de répet. Mets ton esprit en mode avion.

La fatigue

Sommeil léger, surcharge mentale ou émotionnelle : tout cela nous épuise. Un esprit fatigué peine à se concentrer… et à créer.

Une bonne santé physique est aussi la clé pour avoir un corps disponible pour affronter une bonne séance de travail. Une bonne promenade et de l’exercice léger vont aider ton corps et ton esprit à se retrouver. 

Revenir à soi : des outils simples pour retrouver le fil

Bonne nouvelle : il existe des pratiques douces et accessibles pour dépasser ces obstacles sans se crisper.

Respire consciemment

Quelques minutes de respiration profonde, le dos droit, les yeux fermés. On se recentre. On ralentit. Et on crée un espace intérieur propice à la concentration.

Relaxe ton corps

Un scan corporel rapide, une sieste, une pause sans écran, un étirement : cela suffit parfois à faire retomber la tension et à reconnecter avec soi.

Crée un cadre bienveillant

Choisissez un moment régulier (même court) pour créer. Sans pression de résultat. Juste pour le plaisir de retrouver votre univers intérieur. Trouve le bon endroit.

Choisis ton objet totem ou ton rituel

Choisis un petit objet-totem que tu peux tenir en main et associe-lui un geste simple (le toucher, le faire rouler, le serrer). Simplement, le regarder et l’associer à ce que tu souhaites faire peut suffire. Respire profondément avec un rythme calme (par exemple : inspire en comptant jusqu’à 3, puis expire en comptant jusqu’à 7 et recommence 3 fois) tout en répétant mentalement une phrase d’ancrage comme : « Je suis présent(e) et prêt(e) à créer. » Ce rituel rapide te permet de te recentrer, apaiser ton mental, et entrer dans un état propice à la création.

Tu peux également choisir un vêtement, un tapis ou un geste simple, comme frotter tes mains l’une contre l’autre. 

La concentration n’est pas une contrainte. C’est une porte d’entrée vers un état de présence qui nourrit la créativité. La bonne nouvelle, c’est que si elle est fermée, tu as la clé.

Alors pas de pression. Juste une question :
Et si tu faisais de la concentration un allié joyeux la rentrée créative ?

Neck Diagrams : un outil puissant

Cette semaine, j’ai fait une petite découverte non fortuite – au travers de publicités sponsorisées (bien) ciblées* que j’ai consulté dans un moment de faiblesse oisive. Voici le logiciel Neck Diagrams.

Neck Diagrams

Neck Diagrams

Je suis un fervent adepte du logiciel Guitar Pro. Cependant, s’il est excellent pour créer des tablatures, il m’a toujours manqué une fonction pour pouvoir facilement éditer des grilles sur une manche ou une grille d’accord isolée pour les intégrer à mes supports de cours. Par le passé, j’avais un logiciel qui prenait en charge ce besoin, mais il est devenu daté, avant de passer en abandonware. Cette page a d’ailleurs longtemps été très visitées, la preuve qu’il existe un vrai besoin pour ce type de logiciels.

Souvent, j’en suis réduit à dessiner à la main ou à piquer un truc sur le net, ce qui n’est ni très courtois, ni très professionnel, je me dois de le reconnaître.  C’est là que Neck Diagrams tombe à point nommé.

*si je ne peux échapper à la pub, alors je préfère qu’elle soit ciblée.

Qu’est-ce que Neck Diagrams ?

Neck Diagrams est un logiciel de création de diagrammes pour guitare, basse, ukulélé et autres instruments à cordes. Il permet de représenter visuellement des positions d’accords, de gammes ou d’arpèges, avec un rendu personnalisable et propre.

Mais plus que cela, c’est un véritable éditeur de pages qui permet de créer des supports pédagogiques de qualité. De quoi publier un jour ma propre méthode d’apprentissage du fingerpicking ?

Neck Diagrams

Neck Diagrams

L’interface est assez intuitive : on clique pour placer les notes, on choisit les couleurs et les symboles, on exporte le tout en image haute définition. C’est particulièrement utile pour l’enseignement ou la publication de supports didactiques. 

Neck Diagrams

Neck Diagrams

Comparer Neck Diagrams à Guitar Pro ?

Avant tout, il est essentiel de rappeler que Neck Diagrams et Guitar Pro ne répondent pas aux mêmes besoins. Guitar Pro est un logiciel de composition et d’édition de tablatures avec lecture audio, gestion des instruments, du rythme, et du mixage. Neck Diagrams se concentre sur la représentation graphique du manche, sans édition musicale.

Fonction Guitar Pro Neck Diagrams
Usage principal Tablature, partition, playback complet Diagrammes d’accords/gammes
Export graphique Limite (PDF) PNG, PDF, SVG, etc.
Notation standard Oui (portée + tab + rythme) Non
Générateur de gammes Oui, mais sans visuel exportable Oui, avec diagrammes clairs
Prix ≈ 60 € (Guitar Pro 8) ≈30 € à 120 € selon version

En clair : Guitar Pro est idéal pour créer et lire des morceaux complets. Neck Diagrams est parfait pour illustrer un concept visuel, une position d’accord ou une forme de gamme.

Pour ma part, je compte utiliser les deux en complémentarité : Guitar Pro pour mes compositions, Neck Diagrams pour mes supports pédagogiques.

Neck Diagrams

Neck Diagrams

Points forts et limites

L’un des atouts principaux de Neck Diagrams est sa flexibilité : on peut adapter la disposition des frettes, changer l’accordage, colorer les intervalles, ajouter des annotations, etc. Le logiciel propose aussi un générateur de gammes (dans les versions supérieures), et la possibilité d’écouter le diagramme. L’export est très complet (PNG, SVG, PDF, etc.), ce qui est idéal pour une utilisation professionnelle.

Du côté des inconvénients : il faut un petit temps d’adaptation pour explorer toutes les fonctions. Le logiciel ne permet pas de créer de tablatures ou partitions rythmiques, et il faut également passer à une version payante pour accéder aux outils avancés. L’interface mériterait aussi un léger rafraîchissement visuel.

Je ne serais qu’à moitié étonné que la campagne de promotion intensive actuelle soit suivie d’un upgrade vers une nouvelle version majeure. Jusque-là, les updates vers les sous-version de la V2 étaient gratuits. Mais comme j’ai déjà pu constater par ailleurs avec d’autres logiciels, les achats financent l’upgrade majeur suivant qui est souvent proposé avec une ristourne pour les derniers arrivés. On se dirigerait alors vers une mise à jour majeure de l’interface. Esthétiquement, cette mise à jour semble bienvenue.

Conclusion

Alors, si tu veux écrire, écouter et imprimer des morceaux complets avec partitions, rythmes, multi-instruments ?
→ Guitar Pro est clairement fait pour toi.

Toutefois, si tu veux créer des visuels clairs de gammes, accords, arpèges, pour enseigner ou illustrer des concepts ?
→ Neck Diagrams est l’outil le plus adapté.

Neck Diagrams est un outil spécialisé, très efficace dans son domaine. Il s’adresse surtout aux guitaristes pédagogues, mais également aux formateurs et créateurs de contenus qui veulent aller au-delà des simples grilles d’accords. L’investissement est raisonnable si vous produisez régulièrement des supports.

Encore une fois, je ne suis pas affilié ni sponsorisé. J’ai failli m’affilier pour gagner quelques euros si par hasard l’un de vous se décidait à l’acheter via un lien posté ici, MAIS entre quelques euros et ma liberté, j’ai choisi la liberté.

Comme il existe une version d’essai gratuite, je n’ai aucun scrupule à vous recommander d’y jeter un œil.

Culture rentable : une tension féconde ?

Je n’aime pas particulièrement parler de politique ici. Ce n’est pas là que je me sens le plus légitime, ni le plus à l’aise. Pourtant, quand la politique s’invite dans le champ culturel — ou plutôt, quand elle s’y attaque — il devient difficile de garder le silence. Car défendre la culture, aujourd’hui, c’est aussi prendre position politiquement. Il y a toujours le risque d’en dire trop ou d’être mal compris.

Moi et Godzill'Art

Moi et Godzill’Art

Une culture rentable et tiède ?

Dans le paysage culturel contemporain, une tension majeure oppose deux logiques : celle de la rentabilité et celle de l’exploration. D’un côté, la culture rentable répond à des logiques de marché. Il faut produire des œuvres qui plaisent au plus grand nombre, qui rassurent, divertissent, et surtout, rapportent. Séries calibrées, chansons formatées pour les plateformes de streaming, blockbusters aux suites infinies.

Ce modèle orienté vers le divertissement n’est pas dénué d’intérêt. Il fait vivre de nombreux professionnels, et rend la culture accessible à un large public. Mais, je le constate avec les films de super-héros et les séries, ou en écoutant la radio, on finit par s’y ennuyer sévèrement. Ni trop salée, ni trop poivrée, la soupe tiédit.

It's all about the money ...

It’s all about the money …

Oser !?

Mais à côté de cette industrie dominante, existent des formes de culture plus discrètes, moins visibles : des secteurs de niche, souvent moins valorisés, mais tout aussi essentiels. Jazz, artisanat musical (dans lequel je m’inclus), musique expérimentale, poésie, théâtre d’avant-garde, littérature indépendante, arts numériques, documentaires engagés… Ces univers ne visent pas la rentabilité immédiate, mais la profondeur, la singularité et la recherche de sens. Ils sont souvent un lieu de liberté, d’une résistance face aux formats dominants. Des plus petits publics, des lieux à taille humaine, des productions plus modestes, souvent tout aussi enthousiasmantes. Ce sont les choix des publics qui choisissent parfois au lieu de consommer.

Mais la réussite des artistes n’est pas non plus la reddition à la loi du marché. Tout ce qui est mainstream n’est pas mauvais ou méprisable par essence. Le succès est tout de même un but. Même si certains artistes considèrent que déplaire est également une émotion à explorer. Reste à définir quelle est la définition du succès ? Tout n’est pas fait pour remplir un stade ou un zénith. J’ai souri quand les concerts d’Helena Bailly ont été qualifiés « d’intime », devant 3000 personnes. 

Les formes culturelles minoritaires sont aussi le terreau de nombreuses innovations. Elles expérimentent, bousculent, influencent même parfois, à retardement, la culture mainstream. Elles sont indispensables pour renouveler l’imaginaire collectif et offrir une pluralité de regards. Ce sont aussi souvent des concerts proches géographiquement et accessibles financièrement. Des événements qui vont faire vivre un niveau local. Une sorte de circuit court de la culture.

Ce sont les pépinières des talents de demain . Sous leur aspect nébuleux, ce sont les berceaux de futures étoiles. La Belgique est un marché dense, où il est compliqué d’exister artistiquement. Un album ou une tournée sur le marché belge n’est plus que marginalement rentable déjà depuis des années.

Le danger, c’est quand la logique de rentabilité invisibilise. Quand ce qui ne « marche pas » devient ce qui ne mérite pas d’exister. Il est crucial de soutenir des zones de création, par des politiques publiques bienveillantes plutôt qu’hostiles.

Allez, promis, la prochaine fois, on parlera guitare.